- bisquer
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• av. 1706; p.-ê. provenç. bisco « mauvaise humeur », de bico « bique »♦ Fam. Éprouver du dépit, de la mauvaise humeur. ⇒ rager, râler. Faire bisquer qqn. ⇒ enrager (cf. fam. Faire devenir chèvre). Bisque, bisque, rage ! formule employée notamment par les enfants lorsqu'ils font la nique à qqn.Synonymes :- enrager- fumer (familier)- maronner (familier)- rager (familier)- râler (familier)bisquerv. intr. Fam. éprouver du dépit. Faire bisquer quelqu'un.⇒BISQUER, verbe intrans.Pop. Avoir du dépit, pester :• 1. Mais à peine là : drelin! drelin! « Attends! grognonna ma grisette qui bisquait, on me sonne! — Eh! laisse sonner et qu'elle patiente là-bas, cette princesse de quatre sous que nous n'avons dérangée mie, nous autres! »L. CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 323.♦ En bisquer :• 2. Au diable tous les poëmes et tous les poëtes qui empêcheraient un fils de se précipiter vers sa mère après huit ans d'absence et d'exil! Il a bien fait. J'en ai bisqué et j'en bisque. Mais je l'approuve.HUGO, Correspondance, 1859, p. 310.♦ Faire bisquer qqn. Le faire enrager :• 3. ... vous avez mal compris le sens de ma lettre; je l'ai écrite ainsi pour faire un peu bisquer maman Ati...FLAUBERT, Correspondance, 1843, p. 31.• 4. Lui [mon père] si ponctuel, si organisé, il était forcé de regarder à chaque instant l'horloge du passage... Il sortait pour ça sur le pas de la porte... La mère Ussel des « Ouvrages » l'attendait au moment précis... Elle lui faisait alors toc! tic! toc! toc! ... pour le faire bisquer...CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 332.PRONONC. :[biske], (je) bisque [bisk].ÉTYMOL. ET HIST. — 1704-1706 (SCARRON, Le Virgile travesty, rev. et corr., Amsterdam, P. Mortier, p. 177), qualifié de ,,point français`` chez J.-F. MICHEL, Dict. des expr. vicieuses, 1807, de ,,terme d'écolier`` chez E. MOLARD, Le Mauvais lang. corr., 1810, enfin de ,,mot trivial`` et ,,barbarisme`` chez DESGRANGES, Pt dict. du peuple [...], 1821 (d'apr. SAIN. Lang. par., p. 78).Orig. obsc. Une dér. du prov. bisco « mauvaise humeur », lui-même empr. à une forme dial. ital. (Émilie) biscare « s'emporter », est insuffisamment appuyée par le témoignage de ce dial. Le sens de « chagrin, méchant » du prov. mod. biscaïn laisse entrevoir une dér. sur le rad. de ce dernier (auquel se rattachent cinq autres dér. prov., cf. ALIB.), ce qui donnerait crédit à l'hyp. de FEW t. 1, p. 379, qui cite un texte attestant que les Biscayens avaient dès le XVIIe s. une réputation de « canailles ».STAT. — Fréq. abs. littér. :18.BBG. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 173. — GRIMAUD (F.). Pt gloss. du jeu de boules. Vie Lang. 1968, p. 111. — POHL (J.). Contribution à l'ét. de qq. mots. Fr. mod. 1963, t. 31, pp. 296-304. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 78, 79, 477. — SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], p. 70; t. 2 1972 [1925], p. 298; t. 3 1972 [1930], p. 111, 527.bisquer [biske] v. intr.ÉTYM. Av. 1706, Scarron; orig. incert., p.-ê. du provençal bisco « mauvaise humeur », d'origine obscure, p.-ê. en rapport avec bico, bisco « chèvre, bique », qui viendrait du rad. bis par l'idée de « aller en biais, de travers » (Guiraud).❖♦ Fam. Éprouver du dépit, de la mauvaise humeur. ⇒ Enrager, pester, rager, râler. || Faire bisquer qqn. → fam. Faire devenir chèvre (qqn). — Bisque, bisque, rage !, formule employée, notamment par les enfants, pour exciter qqn en s'en moquant.1 Je crois que ma belle robe va joliment la faire bisquer (…)la Tête et le Cœur, II, 7 (in Littré.)2 Cristi ! je bisque de ne pas être Picard !E. Labiche, la Chasse aux corbeaux, I, 3.❖DÉR. 1. Bisque.
Encyclopédie Universelle. 2012.